dimanche 14 octobre 2012

[DVD] "Extrêmement fort et incroyablement près" de Stephen Daldry



« Extrêmement fort et incroyablement près » de Stephen Daldry 

Chez Warner Bros 

En quelques mots : Oskar vient de perdre son papa dans le terrible attentat du 11 septembre. Surdoué il avait pour habitude de résoudre des énigmes avec père et de partager jeux de pistes et jeux de mots. Un jour il découvre une clé dans un vase. Qu’ouvre t’elle ? Fait elle partie de la dernière énigme de son père ?

  • en 2 mots : quête & comprendre
  • en 1 question : Une quête permet elle de grandir ?



SPOILER MINIMUM

Adaptation du roman de Jonathan Safran (mon avis ici), j’ai retardé le moment du DVD, car j’ai eu peur d’être déçue, l’histoire est si forte et si vaste dans le livre que j’appréhendais de ne pas retrouver tout cela dans le film… Et en même temps bien consciente qu’il sera bien compliqué de tout mettre dans 1h30 ou 2h00 d’images…

Et comme je le pressentais Stephan Daldry n’y pas réussi… On a ici (malheureusement) une demi-adaptation. Tout un pan du livre est complètement occulté… Et une partie vraiment importante et touchante du livre. L’histoire de la grand-mère à une place est ici très faible comparée au livre et je trouve que si je n’avais pas connu l’histoire complète via le livre, j’aurais vraiment perdu en compréhension et en sympathie pour chaque personnage...

Mi adaptation donc, mais un film qui reste profondément touchant et émouvant… Et bouleversant pour tout ceux qui n’ont pas lu le livre et ceux qui ont une tendresse particulière pour les jeux de piste que l’on peut faire enfant et qui partageront la quête d’Oskar sur les traces et le souvenir de son père. Comment ne pas partager la quête et la peine de ce petit garçon ? Comment ne pas noter les petits clins d’oeil des anecdotes et de savoir distillées ici et là ? Comment ne pas être à nouveau bouleversée par le drame du 11 septembre ?... Toujours du point de vue d’Oskar, on le suit ainsi pas à pas dans ses recherches et ses rencontres…

Malgré un rythme un peu lent et la sensation de trainer le dénouement un peu en longueur, la mise en scène est par moment diablement efficace, avec des plans comme des photos… Le casting est épatant et le petit Thomas Horn est incroyable dans le rôle de cet enfant surdoué et hyperactif. Tout comme Max von Sydow le vieil homme, bouleversant de retenu et de sobriété qui ressemble de manière étonnante à Tom Hanks ! Sans oublier justement le couple Sandra Bulock et Tom Hanks toujours aussi efficace… Et pour moi qui l’adore, le plaisir de voir John Goodman dans un petit rôle, mais qui dans le livre a beaucoup d’importance… Je suis ravie de ce casting…

Toute la trame de l’histoire est là, sa quête, ses enquêtes, ses photos, son parcours, ses rencontres, même si il y en a ici des nouvelles et même si elles manquent de descriptions pour certaines et notamment celle de Walter L. Les messages répondeurs, les haussements d’épaules sont bien là !!! .

On ressent parfaitement qu’Oskar à force de vouloir se rapprocher de son père, par cette quête qui lui prend tout son temps, l’éloigne en même temps de sa mère… Mais ces recherches vont finalement le mener là où il doit arriver. Et cette clé initiatrice de son enquête ouvrira finalement la porte de son destin et de son avenir… Des passages profondément touchant et incroyablement émouvant sont à noter pour les petits cœurs sensibles comme moi. Dont un coup de téléphone qui m’a bouleversé pendant de longues minutes durant le film et après… Un film qui nous rappelle que la perte d’un être bouscule et change une vie, une famille et redistribue les cartes de sa vie…


[SPOILIER LIVRE / FILM]


Mi adaptation je disais donc parce qu’il manque une grande partie de l’histoire, mais aussi parce que de nombreux ajouts ont été faits. Mais pour le coup souvent réussis et opportuns. Comme des nouvelles citations qui ne sont pas dans le livre mais qui fonctionnent j’avoue vraiment très bien ! Comme notamment celle qui nous raconte que si le soleil explosait il ferait encore jour pendant 8 minutes… Le parallèle avec son père et sa quête est profondément poignant. Changement également avec des nouveaux faits comme le placard secret d’Oskar qui pour le coup est très bien trouvé.

Je note aussi, une nouveauté très réussi : le combat d’oxymore entre Oskar et son père en simulant des gestes de vrai combat : copies originales, élève enseignant, silence assourdissant… Le vieil homme qui joue aussi avec lui et écrit élève enseignant comme un relai. Astucieux, parfait et tout à fait dans l’esprit du livre.

On retrouve également des phrases et des réflexions typiques du livre, le même régal de ses phrases qui peuvent vouloir dire bien plus. Le film s’ouvre même sur le même passage qui ouvre le livre. Lorsqu’Oskar parle en voix off de l’anecdote lu dans National Géographic sur le fait qu’il y a plus de gens vivants aujourd’hui qu’il n’en est mort dans toute l’histoire de l’humanité…

En revanche, la mère est aussi absente que dans le livre, voir encore plus. Mais le réalisateur lui offre un final extrêmement émouvant qui n’est juste qu’évoqué rapidement dans le livre. On a ici également, les affaires du grand-père qui sont dans la boutique du père d’Oskar. On y trouve bien l’appareil photo, mais pas ses cahiers… Forcément cette partie de l’histoire n’existe pas dans le film… On retrouve la confession bouleversante d’Oskar au vieil homme. Le passage des messages du répondeur sont également extrêmement dur à entendre, au moment où les images défilent à la TV…

La mise en image de ce moment à peine décrit dans le livre est à la fois idéale et très dure. Lui caché sous le lit, elle qui lui demande si il y avait des messages sur le répondeur. Lui qui dit non... Les larmes pointent très facilement… Enfin la relation d’Oskar avec son père et leurs jeux sont vraiment très bien rendus. Décidément Tom Hanks…
La relation d’Oskar avec sa grand-mère est bien trop peu présente. Elle me manque… Pas de mots de la grand-mère sur la fenêtre, pas le jeu de : « Oskar ? », « je vais bien ». Elle est ici très peu touchante et sympathique. Dans la même lignée, le personnage de William Black me manque, il est ici évoqué très vite comme le sourd qui n’a pas entendu depuis 24 ans…


En revanche le vieux monsieur est parfait ! Même si j’aurais aimé que ces tatouages dans les mains soient autres… Plus grands et mieux placés… Et les photos et le book de’Oskar de sa quête en mode scrapbook sont superbes… Le passage du dressing est idéal ! 


[SPOILERS ALERTE]


En revanche je note un fail dans le montage du film… les messages répondeurs qu’il écoute caché dans la nuit ? la mère ne les auraient donc pas écouté depuis le matin ? et lui qui refait un message d’accueil daté du 11 septembre alors que nous sommes presque 1 an après ? ce n’est pas dans le livre et cela n’ajoute vraiment rien ici et m’a vraiment perturbé.

Ici pas de bracelet en morse offert à sa mère… Zut… Et la nouvelle liaison de sa mère n'est plus...

Pas d’ami imaginaire, le locataire est réel dès le départ. Arrivé 3 semaines après le décès de son père, nommé « le pire jour ».


Ici Oskar utilise très peu les mots « extrêmement » et « incroyablement » alors que dans le livre c’est quasi incessant…

Oskar est parfait même si il n’est pas habillé de blanc et a finalement un peu moins de toc et de peur, il reste émouvant.
Dans le film 6 messages, dans le livre il n’y en a que 4.

Ajout ici d’un nouveau message répondeur… Le passage où Oskar l’écoute le répondeur est superbe et horrible à la fois. Le « are you there ? » est bouleversant…

Oskar rencontre ici le vieil homme en pleine nuit de façon bien étrange. Chez sa grand-mère sans que elle-même soit là… WTF

Il lui avoue sa quête et ses blessures qu’il s’inflige avec une facilité déroutante. Mais respecte bien le roman…

Je dois avouer que si je n’avais pas vu le livre, je serais perdue de savoir qui est ce bonhomme et surtout pourquoi oskar et si seul. Une adaptation donc…

Les révélations du grand père sur papier, au petit fils est également astucieux, même si contourne les cahiers et des confidences bien plus dense. Ici le barman lit les papiers du grand-père.

Les révélations du vieil homme se font très tard. « il a haussé les épaules comme papa j’ai adoré. » On comprend juste avant Oskar qui il est. Même si Oskar devine qui il est bien avant la fin, bien avant le livre, bien plus tôt cela reste très bien amené. Bien vu !
Oskar écoute alors dans le film le 6eme et dernier avec le vieil homme. La boucle est ici bouclée, ce qui n’est pas le cas dans le livre.

Ici on découvre l’enquête parallèle de sa mère qui devançait de peu la sienne. Juste avant lui. Ils partagent alors leurs souvenirs, leurs rencontres. Pas dans le livre mais vraiment très, très astucieux et attendrissant.

Les lettres d’Oskar envoyés aux personnalités qui le touche sont ici absentes mais le concept est présent avec les lettres qu’il envoie au Black. J’adore !

Ici au dos du journal qu’Oskar a conservé, parce que son père lui a dit : « continue de chercher », se trouve l’annonce vers le propriétaire du vase. Je préfère le twist du livre. Ici trop tiré par les cheveux… Même si la séquence est exactement la même que dans le livre et reste très touchante.

J’ai tellement aimé le livre que je ne peux m’empêcher de faire le parallèle de ce qui est là ou pas.

Certains, beaucoup manquent, quelques ajouts astucieux cependant. Mais une adaptation bien décevante même si l’histoire de la clé est au final la même.


Mais le twist de fin avec la balançoire sauve pour moi le film ! waouhhhhhhhhhhhhhhhh (elle n’est pas dans le livre). Comme quoi un élément et hop d’un film un peu « banal » il bascule vers le top !

En bref : Une demie adaptation du merveilleux livre. Oskar reste touchant et sa quête tout autant. Mais lisez le livre !


Morceaux choisis / Citation : 

" Je sentais mes 8 minutes s’épuiser "

" Même si il ne parlait pas, pour la première fois depuis la mort de papa, j’avais quelqu’un à qui parler."

" Je t’épargne mes questions, épargne moi les tiennes. "


P'tites infos + (source): 

Muet comme une carpe
Le comédien Max von Sydow, acteur fétiche d'Ingmar Bergman et nommé aux oscars 2012 pour sa prestation dans Extrêmement fort et incroyablement près. Sa particularité? Il ne dit pas un mot du film ! En effet, son personnage étant muet, l'acteur s'est efforcé d'exprimer ses angoisses, sa curiosité ainsi que sa joie uniquement à travers ses mimiques.

De la télé au cinéma
Le jeune Thomas Horn, qui incarne le personnage tourmenté d'Oskar Shell, a été repéré par la production à l'occasion de sa victoire au jeu Jeopardy !, diffusé à la télévision américaine. Il s'agit ici de son premier rôle cinématographique.

Un compositeur français
La musique du film est signée de la main du compositeur français Alexandre Desplat. Ce dernier a notamment composé, entre autres, les bandes originales des films The Ghost Writer, Le Discours d'un roi, Carnage ou encore The Tree of Life. 

Les Grands lui font confiance
Le scénariste du film n'est autre qu'Eric Roth, oscarisé dans la catégorie du Meilleur scénario adapté pour Forrest Gump de Robert Zemeckis en 1995. Il a également écrit le script de L'Etrange histoire de Benjamin Button de David Fincher et de Munich de Steven Spielberg. 

Nommé mais pas récompensé
Plusieurs fois nommé aux cérémonies des Oscars et des César, le metteur en scène anglais Stephen Daldry a également réalisé The Reader en 2009 (Oscar de la Meilleure actrice pour Kate Winslet), The Hours en 2003 (Oscar de la Meilleure actrice pour Nicole Kidman), et la comédie dramatique Billy Elliot en 1999. A chaque fois, le réalisateur est reparti bredouille...



Mon avis sur le livre : "Extrêmement fort et incroyablement près " de Jonathan Safran Foer

http://noaetsonmonde.blogspot.fr/2012/07/livre-extremement-fort-et.html



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