samedi 13 octobre 2012

[DVD] "La femme du Vème" de Pawel Pawlikowski





"La Femme du Vème" de Pawel Pawlikowski

Distribué par Haut et Court

En quelques mots : Tom Ricks est un romancier américain, il vient d'arriver à Paris dans l'espoir de renouer avec sa femme et sa fille. Mais rien ne se passe comme prévu. Sa femme lui ferme la porte au nez, il se fait voler ses affaires et se retrouve dans un hôtel miteux de la banlieue parisienne... Alors que l'espoir de se rapprocher de sa fille diminue, que son roman s'écrit avec difficulté et qu'il est contraint de devenir veilleur de nuit d'un immeuble louche pour payer sa petite chambre, il va rencontrer Margit. Belle, sensuelle et mystérieuse...

  • en 2 mots : réalité & folie
  • en 1 question : Avoir conscience des autres est ce avoir conscience de soi?

SPOILERS MINIMUM

Sortie en 2011, je ne découvre ce film que tout récemment ce film en checkant la filmo d'Ethan Hawke. Cette adaptation m'a bien sûr d'autant plus attiré l'oeil. Aussitôt repéré, aussitôt rajouté dans ma dvdthèque...

Adaptation du roman du même nom de Douglas Kennedy, "La femme du Vème" de Pawel Pawlikowski peut soit agréablement vous surprendre soit vous laisser complètement froid, ou bien comme moi, finalement un peu tiède.

Je suis partagée entre le ressenti immédiat, entre l'impatience de savoir où l'on va et la lenteur de l'intrigue, et le ressenti après quelques heures, quelques jours, qui retient alors le jeu d'acteur d'Ethan Hawke, l'ambiance lancinante et oppressante du film, mais qui malheureusement ne prend jamais le virage du vraiment mystérieux...

Certains films ont du mal à passer de l'écrit à l'image. Certains livres très ancrés dans les sentiments, dans le ressenti et l'ambiance sont très difficile à mettre en scène et j'ai d'abord pensé que les silences et les sentiments de Douglas Kennedy étaient compliqués à retranscrire... Jusqu'à ce que je découvre que l'auteur du roman lui même estime que ce film n'est pas pour lui l'adaptation de son roman, mais un scénario personnel. Donc à priori une inspiration plus qu'une adaptation... Je n'ai pas lu le livre, pour le moment, donc je ne porterai pas de jugement là dessus, mais ce qui est certain c'est que l'on sent bien la volonté de créé un univers, une atmosphère bien particulière, mais sans vraiment y parvenir complètement.

"La femme du Vème " est l'histoire de Tom Ricks (Ethan Hawke), un homme plein de silence qui séparé de sa femme, vient s'installer à Paris pour reprendre contact avec sa fille. Mais un homme chez qui l'on devine un lourd passé, qui créé une certaine peur chez son ex femme. Auteur, c'est un homme qui observe le monde à travers ses grosses lunettes aux verres grossissants et les mots qui l'écrit toute la journée sur ses feuilles de papier. Des lunettes qui ne rendent pas du tout honneur à la beauté brute d'Ethan Hawke mais lui créaient justement une distance. Une distance entre sa perception du monde mais aussi sur la perception que l'on a de lui. Il devient l'homme que l'on regarde un peu de loin, celui chez qui l'on ressent une colère sourde et secrète. Tout dans son jeu d'acteur nous amène tour à tour à vouloir en savoir plus, à le plaindre, à le trouver attachant, à l'aimer, un peu,  puis l'instant à s'en méfier jusqu'à presque nous faire peur... Ethan Hawke fait ici un travail épatant... Vraiment... Méconnaissable avec ses grosses lunettes de myope lui donnant des airs ahuris et un peu fou à tout moment. Un homme pour qui l'on a de la tendresse lorsqu'il échange avec sa fille et un homme chez qui on devine les failles lorsqu'il est avec les femmes qui l'entoure. Mais un homme pour qui l'on ne sait jamais si il l'on doit éprouver pour lui de la sympathie ou de la répulsion...

Je dois dire que entendre Ethan Hawke parler français a joué sur mon ressenti. J'ai toujours eu une petite faiblesse pour ses étrangers qui parlent notre langue... ^^ *soupir*

Bref, Tom est ici un homme qui chute doucement, qui perd tous ses repères. Américain, il se retrouve en France, sans argent, ni logement, ni travail. Puis de fil en aiguille se retrouve dans un hôtel sordide à faire un travail tout autant sordide de veilleur de nuit jusqu'au jour où il croise la mystérieuse femme du Veme. Margit (Kristin Scott Thomas) sublime et mystérieuse qui deviendra sa muse... Mais, une passion peut elle être raisonnable?... Surtout qu'au même moment il se rapproche d'une femme, déracinée comme lui. Une jeune polonaise qui vit sous le joug du "bon" samaritain qui aidera Tom en lui fournissant un travail et un toit... A noter que Pawel Pawlikowski dépeint ici un Paris je trouve assez peu montré au cinéma. Des quartiers pauvres et dévastés de la ville... Mais qui frolerait presque la caricature en pointant la caméra sur des murs pleins de tags ou des espaces miteux et rouillés...

Un film finalement où l'on alterne les scènes calmes et lentes et celles fortes et intenses ou douces et sincères. A l'image des sentiments traversés par Tom qui bascule doucement vers quelque chose qu'il ne maîtrise plus. Mais le problème c'est que nous non plus... Est un rêve? l'imagine d'un auteur pour son livre? ou le basculement d'un homme vers la schizophrénie? Chacun y fera sa propre lecture...

Entre paternité, passion et folie, "La femme du Vème" est un film sur le choix et la volonté d'un homme de préserver ceux qu'il aime...

Un film ambiguë où l'on appréciera le jeu d'acteur d'Ethan Hawke et de Kristin Scott Thomas et les seconds rôles dont Samir Guesmi vu récemment dans "Camille Redouble", l'ambiance qui peut être oppressante avec une caméra toujours collée à Tom, sans jamais prendre trop de distance avec lui. Et cette musique rare, comme un autre personnage, espion et témoin à la fois de ce qui se déroule. Un piano plein de sentiments lorsque le bruit de la vie et du quotidien n'est pas...

Mais aussi un film qui peu facile tomber dans la lenteur et la caricature... Comme toujours au cinéma, les livres ou la musique, la subtilité d'aimer ou pas n'appartient qu'à nous... 

Voir le film pour découvrir le livre... Et être un peu plus immergée dans l'esprit de Tom...

En bref : Une atmosphère pesante mais sans être vraiment mystérieuse. Un Ethan Hawke habité mais une histoire trop simple qui peu en devenir frustrante...


Morceaux choisis / Citation : 

"Reste ici avec moi"
"Mais ce qu'il y a de meilleur en moi sera toujours avec toi et nous verrons toujours le monde avec les mêmes yeux"

P'tites infos + (source): 

A la recherche de lieux incongrus
Le réalisateur a passé beaucoup de temps avec son chef décorateur Benoît Barouh à chercher, dans les rues de Paris, des lieux inconvenants et incongrus. Ils désiraient un aspect de la ville qui ferait penser à une sorte d'Europe de l’Est des années 70 : "Au début je perdais espoir. Londres est plus imprévisible, on y trouve des zones non identifiables, des no man’s land", nous explique-t-il.


Un rêve au présent
Dans le livre de Douglas Kennedy, il y a de nombreux flashbacks, tandis que le réalisateur raconte tout au présent, sans rappel avec le passé : "Je m’intéresse à un cinéma de l’ici et du maintenant", affirme Pawel Pawlikowski. Ce présent a en effet pour but d'explorer certains mystères des personnages afin que le film suive la ligne logique d'un rêve : "Ça commence de façon réaliste, puis les frontières de la réalité se fissurent, petit à petit", explique le metteur en scène. 


"La femme du Vème" est donc l'adaptation du roman du même nom de Douglas Kennedy
Aux éditions Poket 408 pages
ou Belfond 377 pages




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